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Climat : la Papouasie-Nouvelle-Guinée refuse de participer à la COP29, qu’elle qualifie de « perte de temps »

La conférence de l’ONU sur le climat, qui doit se dérouler du 11 au 22 novembre 2024 à Bakou, en Azerbaïdjan, se fera sans la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Le pays, particulièrement vulnérable au réchauffement de la planète, a annoncé, jeudi 31 octobre, son intention de boycotter la COP29, assimilée à une « perte de temps ».
« Il ne sert à rien d’y aller si nous nous endormons à cause du décalage horaire, parce que nous ne ferons rien », a déclaré le ministre des affaires étrangères papouasien, Justin Tkatchenko, dans un entretien à l’Agence France-Presse. « Tous les grands pollueurs du monde promettent des millions de dollars pour aider à lutter contre le changement climatique », a relevé le ministre. « Je peux déjà vous dire que tout cela va être confié à des consultants », a-t-il avancé, appelant les pays pollueurs à « se ressaisir ».
Se montrant critique à l’encontre des sommets sur le climat, Justin Tkatchenko a également confié en avoir « assez de la rhétorique et du manège qui a consisté à ne rien faire du tout au cours des trois dernières années ». « Pourquoi dépensons-nous tout cet argent pour nous rendre à l’autre bout du monde et participer à ces “colloques” ? » s’interroge-t-il. Justin Tkatchenko assure que sa position est applaudie par les autres nations du Pacifique.
Ces Etats insulaires de faible altitude, tels que Tuvalu et Kiribati, sont gravement menacés par l’élévation, même modérée, du niveau de la mer. Bordée par l’océan, la Papouasie est considérée comme très vulnérable aux périls du changement climatique. En mai, un vaste glissement de terrain a englouti un village entier et enseveli plus de deux mille personnes dans les hautes terres de la province d’Enga, dans le centre-est de l’île de Nouvelle-Guinée.
« Je parle au nom des petits Etats insulaires dont la situation est pire que celle de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ils n’ont bénéficié d’aucune attention ni d’aucune reconnaissance », dénonce Justin Tkatchenko. Rosanne Martyr, de l’institut Climate Analytics sis à Berlin, avait déjà expliqué, fin août, que des pays comme le Vanuatu, la Papouasie-Nouvelle Guinée ou la Micronésie avaient d’ores et déjà perdu « plus de 1 % de leur PIB en raison de la montée des eaux ».
« La Papouasie-Nouvelle-Guinée cherchera plutôt à conclure ses propres accords sur le climat par le biais de discussions bilatérales », argue Justin Tkatchenko, précisant que des négociations étaient déjà en cours avec d’autres nations de la région. « Avec des pays aux vues similaires comme Singapour, nous pouvons faire cent fois plus que la COP », assure-t-il.
La Papouasie-Nouvelle-Guinée est l’une des cinq nations du Pacifique impliquées dans une affaire cruciale portée devant la Cour internationale de justice, qui déterminera si les pollueurs peuvent être poursuivis en justice pour avoir négligé leurs obligations en matière de climat.
L’île de Nouvelle-Guinée, dont l’Etat de Papouasie occupe la moitié orientale, abrite la troisième étendue de forêt tropicale de la planète, selon le Fonds mondial pour la nature. La Papouasie-Nouvelle-Guinée possède de vastes réserves d’or, de cuivre, de nickel, de gaz naturel et de bois qui ont attiré les investissements de nombreuses multinationales, mais elle affiche un indice de développement moyen. « Nous sommes la troisième nation forestière du monde. Nous aspirons les polluants de ces grands pays. Et ils s’en tirent à bon compte », déplore le ministre. La population du pays a plus que doublé depuis 1980, accentuant la pression sur les terres et les ressources tout en exacerbant les rivalités tribales.
L’incertitude demeure sur le nombre de dirigeants internationaux attendus à Bakou. La COP29, qualifiée de « financière », débutera six jours après l’élection présidentielle américaine. Elle aura pour principal enjeu d’obtenir des pays riches les plus responsables du réchauffement l’engagement d’augmenter substantiellement l’aide aux pays pauvres pour lutter contre le changement climatique.
Le montant actuel de l’aide climatique, fixé à 100 milliards de dollars par an et qui expire en 2025, est considéré comme bien inférieur aux besoins. Le Climate Action Network, collectif d’organisations non gouvernementales, a récemment estimé dans une lettre envoyée aux négociateurs qu’il faudrait « au moins 1 000 milliards de dollars ».
Le Monde avec AFP
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